C’est en découvrant le texte réjouissant « la botte à nique » de Jean Dubuffet, mélange de phonétique et langage parlé, propre à inspirer de multiples lectures, qu’Anne Marina Pleis m’a invité à me saisir de cette oeuvre et à l’interpréter selon mon esthétique.
Cette performance sera le premier volet d’un regroupement de plusieurs pièces courtes intitulé
« Les botaniques » dont la mienne se nomme « Fodlo« .

FODLO : de l’eau en pleine ébullition, un scénographe, bricoleur et musicien en exploration, une comédienne à la découverte d’un énigme textuelle, un bruiteur, des bouilloires et cafetières et un public tout autour et dedans.

Plusieurs représentations ont eu lieu déjà : à La Compagnie, Marseille puis à Aubagne dans un magic mirror et aux Grands Terrains également à Marseillepuis  au 3bisf à Aix en provence et au Théâtre du Merlan, Marseille

Rubrique Sur les planches , le jeudi 05 mars 2015 dans Ventilo n° 350 :
… »Fo dlo, la variation numéro un imaginée par Francis Ruggirello et portée à la scène par ce dernier, la comédienne Jocelyne Monier et le bruiteur Maxime Lacôme, invite les spectateurs dans un univers a priori insolite, mi-laboratoire, mi-cuisine, composé de bidons, de bouilloires, de micros, de cafetières italiennes et de moulins à café. Or, ce monde ne tarde pas à faire tout de même sens. Les sons bouclés et distordus de vapeur et d’ébullition créant le paysage sonore, Jocelyne Monier, fidèle à elle-même, use de sa bonhomie charmante et espiègle pour nous conter les conseils de jardinage de Dubuffet. Avec un naturel accablant et une bonne dose d’autodérision, elle nous livre ses sommations (« Il faut biner avec une binette ») et ses vérités sur le bois qui travaille et se gondole, tout en préparant du café pour l’offrir à un public conquis. »
Barbara Chossis

Vu par Zibeline

Vient ensuite Fodlo, proposé par Francis Ruggirello beaucoup plus déjanté, où des musiciens captent et transforment des bruits de cafetières tandis qu’une comédienne ruralisée récite les Bottes à Nique en servant du café. Un petit moment hilarant !

AGNÈS FRESCHEL
Mars 2015
Zibeline

« La salle me semble plus grande que la première. Chaises et bancs disposés, quelques tables et des cafetières. Deux hommes, une femme.
Le ballet des cafetières commence. Les hommes silencieux créent le son.
La comédienne, bonne femme parfois un peu trop paysanne à mon goût, nous embarque dans ce texte qui ne coule pas de source.

Fo Dlo et enfin le café monte. Le son des hommes silencieux communique avec les mots de la femme d’une façon tellement étrange pour moi qu’elle en devient évidente.
Le sentiment de bonne humeur en moi a le culot de s’installer, de me proposer (et j’accepte) de rire à l’écoute de cette langue que la comédienne sait finalement si bien nous faire partager.

Ça sent le café. Et le café qui nous est offert est bon à boire. Il est chaud. Ca glougloute de toute part, et la paysanne insiste

« … LODPLUI SÉ SKI IADMIEU QUANTE IPLEU QUANTI PLEUPA IACA MÈTREDELO FODLO
l’eau d’pluie c’est c’qui y a d’mieux quand y pleut quand y pleut pas y a cas mettre de l’eau faut d’l’eau IAN NA QUI POUCE BIENTOUDROI IAN NA QUISTORTILLE TOUDTRAVÉRE FOPARGARDÉ
y en a qui pousse bien tout droit y en a qui s’tortillent tout d’travers faut pas r’garder
A SA ON PEU OCI MÈTRE DÉ FICEL OU BIEN DÉ BOUDBOI MÉ SÉPA LAPÈNE… »

(Oui, c’est un « copier-coller » mais figurez-vous que je n’ai ni une mémoire d’éléphant, ni celle d’une racine)

Elle insiste sur les évidences quant à l’art de la pousse et autres savoir-faire de l’insignifiant. Le café est bon.

La sympathique bavarde et les hommes silencieux se jaugent parfois, s’épient de temps à autres, s’agacent plus ou moins, se réconcilient tant bien que mal. On dirait mon pépé et ma mémé dans leur cuisine lorsque j’étais enfant. Oui, c’est ça, je suis parti, je ne suis plus là. Merde, si, je suis là, ouf. Ah les coquins, ils me font voyager ! »

Didier ROMAGNY, écrivain.